Les déclarations controversées de Cheikh Oumar Diagne, ministre conseiller à la présidence sénégalaise, continuent de provoquer des remous. Lors d’une interview donnée le 21 décembre 2024 sur Fafa TV, il a qualifié les tirailleurs sénégalais de « traîtres », affirmant qu’ils s’étaient « battus contre leurs frères pour des miettes ». Selon lui, ces motivations financières expliqueraient le massacre de Thiaroye en 1944, où des tirailleurs réclamant leur solde ont été violemment réprimés par l’armée française.
Ces propos ont indigné une large partie de la société sénégalaise, en particulier les descendants des tirailleurs sénégalais. Thierno Birame Gueye, président de la Fédération africaine des descendants de tirailleurs sénégalais, a vivement réagi en déclarant : « Il a insulté la mémoire des tirailleurs sénégalais, il a insulté l’Afrique, l’armée sénégalaise. » La Fédération a d’ailleurs annoncé le dépôt d’une plainte pour diffamation publique contre le ministre.
Le gouvernement sénégalais a également pris ses distances avec ces déclarations. Le porte-parole du gouvernement les a qualifiées d’« inacceptables », tandis que le Premier ministre Ousmane Sonko, lors de sa Déclaration de politique générale le 27 décembre, a salué l’héroïsme des tirailleurs sénégalais. Il a fermement rejeté les propos de Cheikh Oumar Diagne, réaffirmant l’importance de préserver leur mémoire.
Cependant, un élément a particulièrement étonné les observateurs : la présence de Cheikh Oumar Diagne aux commémorations des 80 ans du massacre de Thiaroye, organisées en décembre 2024. Bien que sa participation ait été captée par les caméras de télévision, cette présence semble en contradiction flagrante avec ses récentes critiques des tirailleurs sénégalais. Selon ses propres termes, « ceux qui célèbrent ces hommes ne connaissent pas leur histoire ; s’ils la connaissaient, ils ne les célébreraient pas. »
Était-ce une démarche sincère ou une obligation imposée par son rôle officiel ? Ce contraste entre ses déclarations et sa participation physique à une cérémonie honorant les mêmes tirailleurs qu’il avait dénigrés illustre une dissonance flagrante, qui ne manque pas d’alimenter l’indignation publique et les accusations d’hypocrisie.
