mercredi, janvier 8, 2025
AccueilA la unecomment Ousmane Sonko a tapé du poing sur la table

comment Ousmane Sonko a tapé du poing sur la table

Le parti Pastef a vécu trois jours intenses, marqués par des tensions internes, des polémiques publiques et des appels au calme émanant de ses plus hauts responsables. Tout a commencé par des nominations controversées au sein d’organismes stratégiques, provoquant une levée de boucliers chez les militants. Ce climat électrique a contraint le leader du parti, Ousmane Sonko, à intervenir publiquement pour apaiser les esprits et recadrer ses partisans. Retour sur un épisode révélateur des défis auxquels le Pastef est confronté dans son exercice du pouvoir.

Les Déclencheurs de la Tempête

Vendredi dernier, le décret portant nomination de huit nouveaux membres du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a été publié. Une vive controverse a immédiatement éclaté concernant Aoua Bocar Ly-Tall, sociologue et militante féministe, désignée parmi les membres. Cette dernière a été critiquée pour des publications passées sur les réseaux sociaux, où elle exprimait des opinions jugées hostiles à Pastef et à son leader, Ousmane Sonko, durant une période de persécutions politiques dirigées contre le parti.

Un post Facebook datant du 8 octobre a particulièrement enflammé les débats. Aoua Ly-Tall y soutenait que l’ethnie peule surpasserait toutes les autres ethnies au Sénégal : « Toutes les Personnes Valeureuses de la Société Sénégalaise viennent du Fouta Tooro […] Vive le Pulaagu ! » Ces propos, perçus comme ethnicistes, ont suscité une indignation massive, particulièrement parmi les militants de Pastef.

Outre Aoua Ly-Tall, la nomination de Raki Kane au poste de secrétaire exécutive de la Commission d’évaluation, d’appui et de coordination (CEAC) a également généré des remous. Certains militants estiment que ces choix trahissent la promesse de rupture faite par le parti. Sur les réseaux sociaux, plusieurs voix se sont élevées pour critiquer ce qu’ils considèrent comme une continuité des pratiques clientélistes.

Face à ces critiques, Raki Kane a exprimé sa gratitude envers les autorités dans une publication, déclarant : « Je remercie les nouvelles autorités pour leur soutien. » Ces propos ont irrité une partie des militants, qui y voient une déviation des idéaux du parti.

La Réaction des Figures Clés

Face à la grogne, des cadres de Pastef et des personnalités influentes ont pris la parole pour calmer les militants. Parmi eux, Fadilou Keita, ancien directeur de campagne du parti, a tenté de justifier les choix du CNRA via des live sur Facebook et TikTok, mais ses explications n’ont fait qu’amplifier la colère.

Guy Marius Sagna, activiste connu mais extérieur au Pastef, a vivement dénoncé la nomination d’Aoua Ly-Tall. Selon lui, ses propos ethnicistes et ses attaques passées contre le parti rendent cette désignation inappropriée : « Cette femme a fait la promotion d’un Sénégal divisé sur une base dangereuse – ethnique – inflammable. » Il a suggéré une rectification, soit par sa démission, soit par sa destitution.

D’autres, comme le président de l’Assemblée nationale, ont choisi un ton plus apaisant. Dans un post, ce dernier a salué la vigilance des militants tout en appelant à la patience et à l’unité : « Ces éléments sont des signes d’une maturité démocratique certaine. Faisons confiance au Président de la République et au Premier Ministre. »

L’Intervention de Ousmane Sonko

Face à l’escalade, Ousmane Sonko a pris la parole dimanche soir pour tenter de calmer les ardeurs. Lors de son allocution, le leader du Pastef a exprimé son soutien au Président de la République et au Premier ministre Bassirou Diomaye Faye, tout en assumant sa part de responsabilité dans les nominations contestées. « Certaines décisions, y compris celle d’Aoua Bocar Ly-Tall, ont été prises après consultation, et j’ai donné mon accord », a-t-il affirmé.

Sonko a vivement critiqué l’attitude de certains militants, les accusant de nuire à l’unité du parti. « Parfois, Pastef est le problème de Pastef », a-t-il lancé, appelant à une meilleure discipline interne. Il a également rejeté les menaces envers les dirigeants du parti : « On ne doit pas menacer le Président de la République ou tenter de lui faire du chantage. »

Le leader du Pastef a insisté sur l’importance de la cohésion et de la solidarité, rappelant que « tout le monde ne peut pas avoir un poste » et que l’engagement au sein du parti doit être désintéressé. Enfin, il a exhorté les militants à se concentrer sur les grands chantiers à venir, notamment la construction du siège du Pastef.

Ce débat a également mis en lumière des critiques concernant le processus de nomination au CNRA. Selon Ngouda Sall, juriste, les règles légales n’auraient pas été respectées. L’article 3 de la loi n°2006-04 du 4 janvier 2006 exige une consultation des associations professionnelles avant toute nomination. Ce manquement pose un problème de légitimité et remet en question l’indépendance de l’institution.

Une Opportunité de Réflexion Interne

Malgré les tensions, certains cadres du Pastef y voient une opportunité d’amélioration. Le député Abdoul Ahad Ndiaye a plaidé pour des changements structurels et une sélection rigoureuse des profils nommés à des postes de responsabilité. « Nous devons viser l’excellence tout en restant courtois et unis », a-t-il souligné.

Ces 72 heures ont illustré les défis auxquels le Pastef doit faire face en tant que parti au pouvoir. La gestion des attentes des militants, les polémiques autour des nominations et la nécessité de préserver l’unité interne constituent autant d’obstacles à surmonter pour Ousmane Sonko et son équipe.



Source

RELATED ARTICLES
- Advertisment -

LES PLUS POPULAIRES