Depuis l’avènement de ce nouveau régime, présenté comme celui de la rupture et de l’espoir pour une jeunesse qui représente plus de 70 % de la population, le constat est amer. Entre promesses non tenues et incohérences flagrantes, la politique de jeunesse actuelle ne fait qu’aggraver le sentiment d’abandon et d’exclusion d’une génération qui aurait dû être le moteur du développement national.
Aujourd’hui, des contrats de « déportation » de nos frères et sœurs, ces jeunes qui devraient bâtir notre pays, sont signés avec des puissances étrangères, sous les applaudissements du gouvernement. Ces décisions, loin d’être des solutions dignes, reflètent une fuite en avant et une gestion à courte vue des défis structurels auxquels le Sénégal fait face. Est-ce cela la rupture tant promise ? Exporter notre potentiel humain pour renforcer l’économie d’un autre continent, tout en délaissant les secteurs stratégiques nationaux comme l’agriculture et l’innovation ?
D’un côté, nous entendons des discours souverainistes clamant la protection des intérêts nationaux. De l’autre, nous assistons à un encouragement à l’exode massif de nos jeunes, dépeuplés de leurs rêves et contraints d’alimenter des industries étrangères. Cette politique est un échec cuisant, une trahison des principes mêmes de souveraineté.
La jeunesse sénégalaise n’est pas un problème à exporter, mais une richesse à cultiver. Les solutions existent : investir dans l’agriculture locale, encourager l’entrepreneuriat, améliorer les systèmes éducatifs pour répondre aux besoins du marché, et miser sur l’innovation. Mais au lieu de cela, ce régime persiste dans des pratiques archaïques, reproduisant les erreurs d’un passé qu’il prétendait dépasser.
Les émeutes qui ont précédé l’élection de ce régime étaient le cri de détresse d’une jeunesse désespérée. Ce même cri résonne encore aujourd’hui, mais il se heurte à un pouvoir sourd, davantage préoccupé par ses alliances stratégiques que par le bien-être de sa population.
Il est encore temps de changer de cap. Mais cela exige une vision politique claire et une véritable audace, loin des discours populistes et des décisions qui sacrifient notre avenir collectif.
La jeunesse sénégalaise mérite mieux qu’une politique d’exportation de ses forces vives. Elle réclame une opportunité réelle de contribuer au développement de son propre pays. Le Sénégal ne se construira pas sur les bases de la fuite de cerveaux ou de la dépendance extérieure. Il se construira sur l’investissement dans son peuple, dans sa jeunesse, dans son avenir.
Si rien ne change, ce régime risque de n’être qu’un autre chapitre décevant de notre histoire politique. La jeunesse mérite mieux. Le Sénégal mérite mieux.
Aliou Diop Badou*, membre du Directoire National du parti des Libéraux et Démocrates/And Suqali, Responsable politique à Dagana